Temps d’écoute : 40’26 minutes
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– intro par Louise : Salut les Ponots !, le podcast itinérant et léger qui donne la parole aux personnes qui habitent ou gravitent autour du Puy. Crache ta lentille !
– Bonjour Patrick. Merci de m’accueillir au sein de La Tanière.
– Bonjour, bienvenue à La Tanière.
– Merci beaucoup, Patrick. Certains auditeurs ne te connaissent certainement pas, malheureusement pas encore du moins, est-ce que tu peux te présenter rapidement aux auditeurs.
– Je suis je vais dire, je suis Patrick et Francine. C’est important parce que La Tanière, c’est l’histoire d’un couple et toute notre vie est l’histoire d’un couple. La Tanière, c’est un refuge pour animaux. C’est un endroit où n’importe quel animal peut arriver. Ca part du petit écureuil de trente grammes jusqu’à l’éléphant de quatre, cinq tonnes. La Tanière, c’est un endroit, c’est un hôpital, c’est une maison de retraite, c’est une nurserie. C’est un endroit pour tous les animaux qu’ont pas d’autres endroits où aller. Et au fil des années, La Tanière s’est spécialisée, enfin… Les gens nous ont spécialisé dans les missions les plus compliquées, les missions où personne ne veut aller. Mais pour vous parler un tout petit peu de moi et de mon épouse, parce qu’on a toujours fait tout à deux. Vous savez, j’ai connu ma femme, elle avait treize ans et demi.
– Waouh !
– Oui. Moi j’en avais dix-huit, on ne s’est plus jamais quittés. Alors quand raconte ça aux gens les plus jeunes, ça les surprend aujourd’hui. Aujourd’hui on vit le mariage ou le couple comme on consomme, mais je dis pas que c’était mieux avant. Chacun fait comme il veut, mais voilà et… Et puis, j’ai eu mon premier amour pour les animaux en Auvergne.
– Ouiiii, raconte moi ça Patrick !
– Ma mère était auvergnate à côté, pas loin du Puy-en-Velay. À trente km du Puy-en-Velay, un petit village à côté d’un petit village qui s’appelait Allègre. C’est un petit village qui s’appelait Châteauneuf et ma mère avait de la famille là-bas et quand on avait dix, onze ans, on allait passer une semaine ou deux là-bas. Et après, des fois, un mois entier. Et pendant le mois entier, ils ne me voyaient pas, j’étais dans une ferme à côté où il y avait des vaches, des vaches laitières, et je passais toutes mes vacances avec des vaches laitières. Si bien qu’à la fin, les années suivantes, ils m’envoyaient là-bas tout seul. Et j’ai pris cet amour des animaux animaux. Et à treize ans, je suis parti de Paris, j’étais en pension à Mantes-la-Jolie, dans une école agricole. Et où j’ai passé un BTS agricole, alors un bac agricole c’est rien, c’est une bassine hein.
(rires)
Pour mettre de l’eau pour les animaux. Et voilà le premier amour avec les animaux. Et puis après notre vie, je peux vous raconter notre vie en raccourci. On a… Je voulais avoir une ferme à moi, une ferme d’élevage laitières, pas autre chose. J’avais pas un rond, mes parents étaient ouvriers à Paris tous les deux, c’était pas possible. Donc, j’ai fait différents petits boulots ici, j’ai été vendeur dans différentes choses, je suis rentré chez Renault, j’étais vendeur, chef de vente, directeur, etc. Et puis avec mon épouse, on a tout arrêté. On a créé notre entreprise et on s’est mis à vendre un peu de matériel bureautique, mais surtout un peu de téléphone portable. A l’époque, on vendait déjà, quand j’étais chez Renault, on vendait quelques téléphones portables, mais qui n’avait de portable que le nom, ils étaient transportables , ils faisaient cinq kilos. C’est le début de la téléphonie mobile, on a démarré tous les deux, on a créé notre entreprise qui s’appelait cinq sur cinq. Et vingt ans plus tard, ou vint cinq ans plus tard, on a vendu notre entreprise. On avait mille huit cents salariés, on avait deux cents soixante dix magasins à travers toute la France. Et… Grosse entreprise qu’on a revendu et grâce au fruit de tout ça, on a pu réaliser ce rêve ici, La Tanière. La Tanière avec tout ce que ça comporte. On s’est retrouvé, mon épouse et moi, à la tête d’un peu plus de quarante millions d’euros quand on a lâché notre entreprise. On a essayé d’être riche, on a essayé d’être riche, on a essayé d’aller chez le monsieur qui vend les voitures rouges, très basses là, etc.
– Ouais !?
– Mais on l’a pas acheté parce que le chien rentrait pas derrière et pourtant le gars était prêt à nous la modifier. Et on l’a jamais acheté. Et dans notre première vie, notre vie avant La Tanière on s’occupait beaucoup d’humains. On s’occupait beaucoup de jeunes en difficulté avec des substances ou des produits, etc. Et je dis souvent s’occuper d’une jeune toxicomane, c’est plus de boulot que de s’occuper d’une tigresse. C’est H24. Donc on a aidé un certain nombre de jeunes à se réinsérer. Quand vous avez mille huit cents salariés dans une entreprise qui tourne bien, ben en avoir quinze ou plus ou moins, ça se voit pas, et puis ça aide des gens, ça a toujours été notre culture. Et quand on a vendu notre entreprise, on aurait pu se tourner vers le monde des enfants ou des animaux, mais on penchait plus vers le monde des animaux, et puis y’avait déjà beaucoup de choses de faites pour les enfants. L’état fait beaucoup de chose, beaucoup de gens font quelque chose. Il n’y a pas grand chose de fait pour les animaux, en tout cas pour les sauvages. Et on a commencé ici, euh, ce qui était au début une petite ferme pédagogique avec des vaches, des moutons, des cochons, des chevaux, déjà que des estropiés avec des animaux à trois pattes, malade, etc. Et puis on faisait visiter cette ferme pédagogique aux enfants des écoles et surtout et aussi et surtout aux enfants en difficulté physique ou mentale. Le contact avec des animaux, leur faisant un bien extraordinaire. Et puis, petit à petit, son arrivée chez nous, les premiers animaux sauvages. Alors on a été repéré rapidement par les services de l’état qui faisait des saisies. Les premiers animaux sauvages qui sont arrivés chez nous c’était des daims, des bambis. Alors c’est pas très sauvage un bambi. Il faut savoir que le daim est classé comme animal nuisible et les premiers arrivaient de l’école de police nationale à Rouen, où le directeur de l’école de police, où ils formaient tous les policiers, avaient introduit quelques daims qui étaient nés précédemment, avant, puis les daims s’étaient reproduits. Il y en avait une cinquantaine et ils étaient pas en règle du tout, et donc la police avait saisi les daims de la police. Ils allaientt être abattus et on a réussi à récupérer ces daims avec une autorisation spéciale. J’ai commencé comme ça, et puis, après sont arrivés des fauves. La première vraie, une grosse bête, c’était une tigresse qui arrivait, qui était née à Paris dans un cirque. Ils étaient deux en plein milieu de Paris, ils n’avaient rien à faire là-bas. Le mâle s’était échappé du lieu, il avait été abattu. La tigresse avait été capturée mais elle était malade la tigresse, elle avait un cancer. On nous l’a amenée, quand j’ai vu la tigresse dans sa cage… Ça fait le bruit d’une formule quoi pour ceux qui ont déjà entendu ça. Je me suis dit qu’est ce qu’on a fait là quoi, il allait falloir assumer. Et là, on a décidé avec Francine de jeter toutes nos forces physiques et surtout économiques dans la bataille. Donc, on a, on s’est retrouvé avec une quarantaine de millions d’euros, on a payé douze millions d’euros d’impôts. C’est pour ça que ça m’embête quand les gens m’arrêtent sur la route et me mettent des pv. Je dis quand même, c’est un peu moi qui vous paye. Mais c’est comme ça. Et on a mis tout le reste, on a mis tout le reste. Seulement il y a eu des périodes, on va en parler, il y a eu des périodes difficiles, il y a eu le covid, il y a eu tout ça, et malgré avoir mis tout ce qu’on avait dedans,ben ça suffisait pas. Après on a fini par vendre, j’ai fini par vendre ma collection de vin Petrus, j’ai fini par vendre ma bagnole, on a hypothéqué notre maison, on a tout fait pour sortir de cette crise. Petit à petit, ça commence à aller un petit peu mieux après c’est l’histoire de La Tanière, mais je vais répondre à tes questions.
– Mais oui oui, moi je vous connais, j’avais pris mes places, d’ailleurs, pendant le confinement, puisqu’il y avait eu voilà des places valides jusqu’en deux mille vingt six. Donc, tu vois, Patrick on arrive, on arrive à temps. Je voulais savoir quels étaient les… Tu dis que voilà, tu as investi, tu as donné tout ton argent hein et plus tes collections mais aujourd’hui, on peut dire que tu es plus riche, d’autre chose quoi. C’est pas de la monnaie trébuchante, mais…
– Alors je vais te résumer ça en une phrase que je dis souvent.
– Mm.
– Avant quand on tenait notre business, on avait mille huit cents personnes, trois cent, deux cents soixante dix magasins, on vendait des téléphones portables. Au mois de décembre, on faisait la moisson hein, on en vendait des milliers et des milliers, on avait des courbes qui s’affichaient avec le nombre de téléphone à la miute, etc. On gagnait de l’argent, et on se couchait le soir, on était contents, on était content. Aujourd’hui, ça nous arrive des fois le soir de se coucher fier.
– Ouais.
– Et je souhaite à tout le monde de pouvoir faire la différence entre content et fier. Ça résume de quoi on s’est enrichi.
– Ouais, ça n’a pas de prix, ça n’a pas de prix. Quelles sont les valeurs et les missions de La Tanière ?
Suite…
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À La Tanière, à Nogent-le-Phaye près de chratres, la terre est plate mais des femmes et hommes soulèvent des montagnes pour sauver des animaux.