Temps d’écoute : 55’05 minutes
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– Salut les Ponots !, le podcast itinérant et léger qui donne la parole aux personnes qui habitent ou gravitent autour du Puy, et aujourd’hui, j’ai quelqu’un qui gravite un peu loin du Puy.
– C’est ça ouais.
– Je suis très heureuse de rencontrer Nadine. Comment vas-tu ?
– Ben moi aussi.
– Ça va ?
– Oui ça va, c’est super. En plus il fait beau.
– Ben oui c’est ça quoi.
– C’est trop bien.
– Là on voit des cygnes, des petits canards, c’est génial.
– C’est génial, t’as le sourire en plus. Donc, ça fait du bien.
– Oh ben pareil.
– Ça fait du bien. Ça fait du bien. Est-ce que tu peux te présenter un petit peu pour les auditeurs qui vont écouté le podcast, ou pas? C’est toujours la surprise. Il y a une corneille qui est là.
– Alors, je me donc, je m’appelle Nadine Marchal. Déjà voilà. Nadine Marchal Pierrel, parce que je suis mariée…
– Fait voir ta bague.
– … A Stanislas Pierrel. Ben non, je l’ai pas.
(rires)
Et donc je suis tisserande, dessinatrice plasticienne, musicienne.
– Designer…
– Oui…
– Plein de cordes à ton arc.
– Voilà, voilà, voilà, voilà, mais en fait tout est connecté en fait, rien n’est vraiment séparé, on aime bien séparer les choses, mais en fait, pour moi, il n’y a pas de cases séparées, ni dans ma tête, ni dans ce que je fais.
– D’accord.
– Donc, voilà.
– Et on parlera de ce que tu fais tout à l’heure.
-Tout à fait.
– Et en plus, quand on t’aura connu un ptit peu plus.
– Voilà, et je viens de la… Bon je suis née dans la région Rhône-Alpes, puisque je suis née à Lyon, et toute ma famille est entre Isère, Savoie, Haute-Savoie. J’ai vécu d’ailleurs à plusieurs endroits en France.
– Là tu as fait des kilomètres pour venir ici, bon pas pour me voir hein, pour aller chez le dentiste, mais bon, c’est pas grave.
(rires)
– C’est ça, j’ai le bonheur d’aller chez le dentiste. J’habite à quarante cinq minutes d’ici, à mille mètres d’altitude, près de Chapeauroux.
– C’est bien là bas hein ?
– Dans un petit hameau qui s’appelle France.
– Hé ouiiiii.
– La petite France. D’ailleurs, on peut faire le petit tour de France chez nous.
– D’accord. T’as choisi le hameau juste pour le nom, comme ça non ? T’es arrivée…
– Eh bien non, on n’a même pas su tout de suite que ça s’appelait France, et pourtant il y a la pancarte. Mais c’est vrai qu’on n’a pas vu tout de suite.
– Ça fait quoi, ça fait un peu plus de douze ans que tu es là ?
– Oui, à peu près ça oui oui.
– Et pourquoi vous avez choisi de venir ici ? Parce que tu étais où avant de venir ici ?
– Oula on a, ouh, je suis passée de Chamonix à plein d’endroits. Et disons qu’avec Stanislas, quand on s’est retrouvé que ma fille était grande, on s’est retrouvé vraiment tous les deux, on avait vraiment envie de quitter la région lyonnaise. On était revenu dans l’Isère plus ou moins et puis, on avait trouvé une petite maison dans les Cévennes.
– D’accord.
– Et avec des animaux. J’ai récupéré mon cheval à ce moment-là, que j’avais depuis toujours, qui est à la retraite. Et puis, on s’est aperçu bon que les terrains c’était trop compliqué, donc on a cherché une ferme avec plus de terrain. C’était vraiment ça le but.
– D’accord.
– Et puis on a trouvé, on a fini. Ça a été long, mais on a fini par trouver cette ferme.
On pouvait mettre des animaux et nous-mêmes donc…
(rires)
– C’est pas mal, qu’il y reste de la place pour vous quand même.
– C’est pas mal, ils nous ont fait de la place. Voilà, donc ça, c’était chouette. Et puis, c’est un petit hameau très tranquille, en a des super voisins, avec qui, d’ailleurs, je collabore. Donc, ça, c’est, on a beaucoup de chance.
– Ah, c’est bien ça.
– Oui, oui, oui, c’est vraiment bien. Et on a… Nous est venu l’idée avec Stan, mon mari, de transformer une partie du bâtiment la grange, puisque c’est une ferme typique de la Haute-Loire, Lozère, c’est à dire en forme de L, et une partie donc, on l’a transformé en théâtre et ça s’appelait le théâtre de France. Alors, je dis ça, s’appelait, parce qu’aujourd’hui on a dissous l’association et ce théâtre est devenu mon atelier. Mais c’est un lieu de répétition. On peut y accueillir quand même des artistes parfois. Mais voilà, de manière amicale, maintenant.
– D’accord ok. Oh, on a un petit peu de bruit là, on est au jardin Vinay mais t’as vu ça…
– Ouais, ben, c’est, c’est la rencontre entre l’urbain et la nature.
– La nature, c’est pas mal hein.
– C’est pas mal.
– Des fois, ça fait des beaux mélanges.
– C’est ça, tout à fait.
– On aura une super bande-son pour ce podcast.
– Tout à fait.
– Et tu es pas loin du Bout du Monde, le village le Bout du Monde en fait ?
– Alors, pour aller chez nous, il faut passer par le Nouveau Monde.
– Ah, le Nouveau Monde, pardon, oui, pas le Bout du Monde, mince.
– Chapeauroux, France.
– Et après, vous êtes au bout quoi.
– La route s’arrête. La route s’arrête dans notre petite France, dans voilà,
– Woua, c’est bien ça.
– Ouais, c’est bien, c’est super. Non, c’est très, très bien.
– Et est-ce que tu as une petite anecdote, ou pas là, sur le Puy ou la Haute-Loire ?
– Sur le Puy, ben oui, puisqu’on parle de notre arrivée ici, finalement, un petit peu. Donc, quand on est arrivé là, c’est vrai que la seule route que je connaissais, c’était la route qui venait des Cévennes et qui longeait le lac de Naussac et qui arrivait chez nous. Donc, finalement, je ne voyais pas le Puy.
Et je ne connaissais pas le Puy-en-Velay. Et la première fois, en fait, que j’ai vu le Puy de loin, c’est en arrivant depuis Saint-Etienne.
– D’accord.
– Et là, quand on arrive depuis cette route à un moment donné, il y a une plongée, vraiment, et là on en voit cet… Alors, c’est drôle, je vais parler d’archipel parce que pour plein de raisons, mais j’y reviendrai sur l’archipel, mais ça m’a vraiment fait cet effet-là. Et vraiment, j’ai été scotchée enfin…
Ça m’a, ch’ai pas, il y a… Dans ma vie, j’ai beaucoup voyagé. Il y a des lieux qui m’ont… Qui m’ont marqué, qui m’ont émerveillé, qui m’ont laissé… Euh… Qui m’ont laissé la première fois.
Cette première fois. C’est pas de partout hein ?
– Non, non, t’as une impression où voilà, c’est l’image, une image que tu garderas…
– C’est ça, et voilà. Et ben, moi, j’ai eu cette première fois au Puy-en-Velay ce que j’ai pas eu de partout. Voilà donc vraiment, et cette notion d’archipel… Voilà, parce que le Puy évoque ça et, c’est le lancement, je fais cette petite parenthèse, c’est le lancement aussi de Echo, le projet qui est en collaboration avec le musée Crozatier auquel j’avais postulé cette année, parce que, justement, c’était archipel.
– D’accord.
– Et ça, pour moi, archipel, ça fait battre mon cœur pour plein de raisons, mais en tout cas, parce que il y a eu ce premier regard et ces premières émotions avec le Puy.
– Alors t’as pas eu l’archipel avec Echo mais peut-être que un peu plus tard, il y aura, hein ?
– Ouais.
– Un autre archipel… Ça se dessine.
– Tout à fait.
– Des fois, faut pas chercher dans la vie, ça arrive tout seul.
– Oui, c’est ça exactement, mais vraiment donc, voilà mon anecdote pour… Qui est reliée au Puy quoi vraiment.
– On vit sur un archipel.
– Voilà, c’est ça. Regarde, il y a l’eau.
– Oui.
– Pas de partout, mais là il y a l’eau.
– Non, c’est un très beau coin, avec tous ces sucs et avec ces…
– Tout à fait, c’est magnifique, c’est… Et puis ce côté volcanique. Bon après, on en reparlera peut-être dans l’interview avec Mutissage. Mais vraiment oui, tous ces éléments m’ont profondément marquée, j’ai eu envie de créer, inspirée par tous ces éléments.
– D’accord. Moi, je vais te donner un petit élément, mais c’est pour faire le jingle.
– Ok, vas-y !
– T’es un peu musicienne, beaucoup même.
– Mon dieu. Oh qu’il est beau !
– Faut pas dire hein ? Faut pas dire ce qu’il y a dessus, faut pas dire.
– Ah, faut pas dire ?
– Non, faut pas dire. Non.
– Ah bon ?
– Il y a que ceux qui sont interviewés qui savent.
– Ah c’est cool.
– Ce qu’il y a dessus.
– J’adore. Bon, alors, j’ai fait le jingle ?
– Allez !
Musique jingle
– Ouais, merci, tu peux la garder à côté de toi, tu en auras besoin tout à l’heure.
– D’accord.
– Il y aura un autre petit jingle. On a nos secrets aussi à Salut les Ponots ! Attends !
Voilà, tout le monde essaye de trouver ce que c’est mais non ! Tu le dis à personne.
– Je ne le dirais pas.
– Même pas à ton homme.
– Non.
– On va passer au confessionnal. C’est des petites questions. Tu dois choisir entre les propositions que je te fais, si tu veux choisir les deux, les trois, les quatre, tu donnes la réponse que tu veux.
– Ok.
– Tu peux même dire non, aucun des deux.
– D’accord.
– C’est pour définir ta personnalité, c’est des petites questions à la konbini. On y va ?
– J’aime bien.
– Indigo ou rose poudré ?
– Indigo.
– Je m’en doutais un peu. On en parlera tout à l’heure. Regarder ou écouter ?
– Alors pour moi, c’est les deux et je peux pas dissocier là non plus, c’est pas possible. J’ai une mémoire visuelle et le son est totalement relié à l’image. Donc, je peux pas faire autrement.
– Mais c’est bien. C’est validé. Tipi ou roulotte ?
– Roulotte.
– Bon, là j’ai une question, peut être toi seule connaîtras les thèmes. Âme ou aspe ?
– Alors âme direct.
– Direct ?
– Oui, oui.
– Tu peux expliquer aux personnes ce que c’est que…Pourquoi âme ?
– Ah, alors là. Je dis que tout est lié et pour moi, il y a une âme dans toutes choses, dans tout élément, dans… De partout. Rien n’est séparé. C’est même comme s’il y avait une seule âme, emplie de plein de petites âmes.
– Et en plus, l’âme, c’est le gros fils qui est emprisonné dans les glissières tubulaires quand tu fais du tissage.
– Tout à fait et c’est lié à mon travail l’âme, tout à fait.
– D’accord et aspe alors pour la petite… Voilà pour expliquer aspe, c’est un petit dévidoir voilà, pour la soie de cocon., hein, c’est ça, pour qu’il reçoit la soie de cocon.
– Voilà, mais non, c’est l’âme ouais.
– Ça porte bien son nom finalement. Ulysse, Chaman ou Lulu ?
– Alors.
– Elle va pas choisir là.
– Mais non, c’est mes trois animaux. Eh oui, alors là c’est compliqué, je ne peux pas choisir. Et puis, ils sont tous très complémentaire en plus.
– D’accord.
– C’est un trio parfait.
– Alors, deux films Bagdad Café ou Sept ans au Tibet ?
– Hinnn, hola c’est compliqué.
– Ah oui ? Ben là j’ai pris au hasard.
– Ah mais là, c’est très compliqué là. Ah, les deux me bouleversent pour des raisons différentes.
Dans les deux cas, il y a des racines. Allez, hannn nom d’un chien. Je vais dire, je vais dire Bagdad Café. Parce que y a, il y a quelque chose très lié aussi à Mutissage, on va dire.
– D’accord, je vois que ma question t’a un tout un petit peu bouleversé, effectivement.
– Ouais.
– Dis donc.
– Oui oui oui, Bagdad Café, oui.
– Ok. Colombie, Équateur ou Vietnam ?
– Décidément mais c’est horrible parce que c’est tous des lieux…
– Ah mais je googlise un peu…
– Colombie.
– Colombie ?
– Ouais Colombie.
– Est-ce que c’est parce que, dans tous ces lieux, tu allais aussi pour apprendre un peu la culture du tissage ou…
– Ah complètement, ah oui oui, complètement. Après, ce sont les rencontres qui vont mettre de la couleur dans un lieu.
– C’est ce que je disais, un lieu peut être magnifique, mais si il n’y a pas les personnes… Ça ne marche pas.
– C’est ça. Et en Colombie, j’ai vraiment eu la chance de faire des rencontres. Ça m’a beaucoup fait grandir la Colombie, ça a été très déterminant aussi sur des choix que j’ai pu faire derrière.
– D’accord donc Colombie.
– Colombie.
– Allez. Tissage ou métissage ?
– Haha… Eh bien… On va dire que dans le tissage, y’a forcément le métissage.
– Bien répondu. Plus facile chocolat ou caramel ?
– Chocolat.
– Ah, direct.
– Direct.
– Là, je vais te demander de faire un petit jeu. Je n’ai jamais fait, mais je vais te demander de me tendre les paumes de tes mains.
– Allez.
– Fermer les yeux, de garder les yeux fermés.Tu gardes les yeux fermés, tu ne les ouvres jamais.
– J’ouvre jamais.
– Tu peux fermer la main là, celle là aussi, tu gardes les yeux fermés. Tu peux me dire ce que c’est ?
– De la laine.
– Ouais, dans ta main droite, est-ce que tu saurais quelle laine c’est ?
– Alors là, c’est, il y a… Elle est très, très douce. Donc, il y a peut-être un mélange…
– C’est la droite ?
– La droite oui, pardon. La main droite, elle est beaucoup plus douce. Alors, est-ce qu’il y a un peu d’alpaga dedans ?
– Ok.
– Mouais.
– Et la gauche ?
– Et la gauche, c’est plus, plus brut, donc plus laine.
– Tu peux les sentir si tu veux pour confirmer au pas ta…
– Oulala, oui, là, c’est…
(rires)
– Ça pue, c’est ce qu’elle veut dire hein.
– Non non, ça pue pas, mais on reconnaît bien la laine. Là, c’est beaucoup…
– Mais t’avais raison là.
– Ouais, l’alpaga.
– L’alpaga et le mouton.
– Et le mouton hein, c’est ça ?
– C’est ça voilà. Bravo. Je savais pas, c’est la première fois qu’on fait un petit jeu.
– Ouais mais c’est vraiment ça.
– Ben je vais reprendre mes petites questions.
– Mais il y avait un petit mélange tu vois.
– Peut-être.
– Ouais, parce que tu vois, je sentais cette fibre.
– Ah oui… Et pourtant, c’est une amie qui avait des alpagas, qui me la passé pour les petits oiseaux, ils aiment bien pour faire leur nid.
– Oui, tout à fait.
– Alors je continue, je continue. Césaria Evora ou Rhoda Scott ?
Je crois que t’as un peu un point commun j’ai vu, j’ai vu avec ces personnes. C’est les pieds.
– Ah oui, c’est vrai.
– Et oui, parce que Césaria Evora, on disait que c’était la diva aux pieds nus et Rhoda Scott, The Barefoot Lady.
– Ouais, c’est ça.
– La dame aux pieds nus. Et toi, tu joues pieds nus aussi.
– Et moi, je joue pieds nus. Alors je joue pieds nus. Ouais, c’est vrai que…
C’est aussi une question d’ancrage. C’est aussi une question physique, c’est-à-dire quand… Dans Mutissage quand je joue, il faut que je sois pieds nus, parce que j’ai un micro sous mes pieds.
– Ouais j’ai vu quand tu tapes des pieds.
– Et donc pour la résonance, et puis je sens beaucoup plus ce que je fais. Tout simplement.
Voilà, je suis beaucoup mieux pieds nus.
– Et est-ce que tu pourrais choisir entre Césaria Evora et Rhoda Scott ou pas ?
– Là, c’est compliqué.
– T’es pas obligée.
– Non, là je peux pas.
– Mutissage, la première, c’était à là une de…
– De Rhoda Scott, et qui est une femme merveilleuse et vraiment…
– Elles sont à peu près de la même année en plus.
– Oui, même génération, et en tout cas très inspirante les deux. Très différentes aussi.
Rhoda Scott a une joie, y’a une énergie dans Rhoda Scott, quelque chose… Je me sentais proche de ça, dans l’énergie.
– Et puis tu l’as rencontré.
– Je l’ai rencontré aussi ouais. Après, je lui ai pas spécialement beaucoup parler quoi. Ça a été un échange furtif. Mais dans ce que j’ai pu ressentir, quand tu rencontres une personne et que tu la vois réellement, tu… Ouais. Je te redonne tes doudous parce que je vais les…
– Tu les veux pas ? Tu les emportes. Elle me redonne mes bouts de laine.
Allez, on continue. Éléphant ou hippopotame ?
– Ah. C’est dur. Moi les animaux, j’aime tous les animaux. Ben l’éléphant, allez c’est facile de dire l’éléphant.
– Tu peux dire les deux.
– Je peux dire les deux. Mais c’est vrai que l’éléphant il y a une… C’est touchant un éléphant et…
Dans ça… Je connais peut-être plus aussi l’éléphant.
– T’as jamais vu un hippopotame avec un tutu, c’est magnifique quand même.
– Si non… J’ai eu la chance d’en voir en vrai, en plus en Afrique, des deux. Mais c’est vrai que, socialement parlant, l’éléphant a une vraie vie sociale qui est très intrigante, qui est très, très ancestrale. Il y a quelque chose de très tribu. Voilà, et donc ça m’interpelle, ouais, voilà.
– Anni Albers, alors elle faisait… Donc je donne un peu d’explications.
– Oui parce que moi les noms, c’est terrible.
– Elle était tisserande au tant du Bauhaus.
-D’accord.
– C’était la femme de…
– Ah oui, oui, oui.
– Voilà, de Josef Albers.
– D’accord.
– Ou alors, je ne sais pas si tu connais Donald John Mckay qui lui, fait du tweed en Écosse.
– En Écosse.
– C’est un très grand…
– Oui, alors lui, j’en j’en ai entendu parler il n’y a pas très, très longtemps par Callie… Je sais plus son prénom, qui est en Écosse aussi et avec qui j’avais fait du double weave. Et donc voilà, on avait parlé de ce monsieur.
– Donc voilà, qui est encore là. Bon Anni Albers non, par contre ça était la première femme qui était exposé au MoMA avec son tissage.
– Voilà, et avec dans… Si je me trompe pas, dans la génération aussi de Sheila Hicks voilà.
– Peu t’être, que tu aimes beaucoup toi.
– Voilà.
– Sheila Hicks et Liz Collins, tu le connais ? Elle fait des trucs très colorés. J’ai vu, ça a l’air pas mal. Elle est plus, elle est très… Elle a quel âge je sais pas, elle doit être née en soixante-quatorze peut-être, peut-être moins.
– Il faudrait que je vois le travail, parce que, encore une fois, je suis plus visuel que les noms et les prénoms. C’est terrible pour moi.
– Je vais te demander deux prénoms là, pourtant. Nina ou Jack ?
– Ah alors Nina ou Jack. Et ben les deux. Je ne peux pas faire de différence parce que les deux partagent ma vie.
– Ok.
– Ce sont mes métiers à tisser.
– Et tu as celui, tu as pas celui de ton papa. Je sais plus, tu disais…
– Équinoxe.
– Équinoxe.
– Oui, c’est Équinoxe et d’ailleurs j’ai créé une œuvre.
– Oui, Équinoxe.
– Voilà, et sur Équinoxe, avec Équinoxe on va dire.
– Parfait combo gagnant. Moi, j’ai une question plus ouverte. En fait, ma question, c’est est-ce qu’il y a une question qu’on t’a jamais posée et que tu aimerais qu’on te pose ?
– Tu pars quand dans les étoiles?
– Ahhh… Mais tu y vas pas tous les jours dans les étoiles ? Quand tu imagines, quand tu crées, tu rêves ?
– Ouais, c’est ça.
– D’accord. Quand est-ce donc, quand est-ce que tu pars dans les étoiles ? Nadine.
– Ah ouais et bien, c’est vrai que tous les jours.
(rires)
– Moi j’avais cru deviner ça. Après tu vois, peut être que je me trompe mais bon…
– Ouais. Je ne sais pas pourquoi c’est ça qui m’est venu. J’en sais rien.
– C’est qu’on ne te l’avait jamais posé.
– Non.
– Bon, super, je ne savais pas quelle question te poser, donc, je me suis dit tiens, je vais lui demander quelle question elle veut que je lui pose.
– Oui, c’est quelque chose que je visionne. C’est marrant. C’est des images que j’ai souvent dans la tête, en fait, les étoiles. Il y a quelque chose avec ça. Qui me permettent de réfléchir. C’est une image de réflexion pour moi.
– D’accord.
– Quand j’ai cette image dans la tête, peut-être parce qu’elle est en noir et blanc, alors que je suis toujours en couleur.
– Ouais c’est ça.
– Peut être, il y a quelque chose qui me pose.
– T’as pas encore fini de… Tu cherches encore un peu la… La signification de… Cette image là ?
– Ouais, peut-être, mais c’est quelque chose que j’ai souvent dans la tête.
– Ok. Ben, je vais te faire revenir à la ville du Puy-en-Velay avant d’aller chez le dentiste. Parce que là, ça va être brutal.
– Ça va être brutal.
– Je vais te demander, tu viens pas souvent au Puy, puisque tu habites au fin fond de la Margeride. Je voulais savoir s’il y avait un commerçant ou un resto. Je crois que le commerçant, bar resto, il fait un peu bar aussi, que tu voulais, nous… Que tu aimes bien, que tu voulais mettre en avant.
Qui était ce commerçant au Puy-en-Velay ?
– Alors je pense à commerçant, le premier commerçant, ça serait la cave Marcon.
Parce que j’ai découvert cette cave en allant voir des concerts déjà et après, on y a joué plusieurs fois avec Pick and Pop. Un trio dans lequel je joue de la basse, pardon, avec Lilian Mondillon et Stanislas Pierrel. Voilà, et alors cet endroit? pourquoi cet endroit? Parce que j’y retrouve un cocon.
Quelque chose de douillet. J’aime bien m’y asseoir, déguster un verre de vin. En fait, j’aime la couleur du vin.
– Plutôt rouge ?
– Plutôt rouge.
– Pourpre.
– Ouais, voilà, il y a cette douceur dans le pourpre qui va, d’ailleurs chez moi, j’ai du pourpre sur certains murs. J’aime bien. J’aime bien cette ambiance, elle me… C’est une ambiance comme les étoiles qui me pose aussi, voilà, ce pourpre.Voilà donc c’est le premier endroit qui me vient comme ça, Cave Marcon.
– Tu en as un autre ?
– Et des gens très gentils, et j’aime beaucoup Célia, qui travaille là-bas et qui est d’une douceur, un vrai soleil aussi.
– Et ben bonjour à Célia. On ira boire un ptit rouge.
– C’est ça.
– Et tu as un autre commerçant, bar, resto ou…
– Après, alors c’est plutôt commerçant anecdote, enfin c’est…
– Oui, tu peux.
– Je peux ? C’est le chapelier. J’aime beaucoup les matières, bien entendu, et donc, ce chapelier a de belles matières, avec des belles casquettes, des beaux chapeaux, et c’est vrai que si je passe… En fait, je m’arrête pour deux types de commerçants moi, que deux.
À part bon m’asseoir pour boire un coup.
– Les autres ne t’en voudront pas, t’inquiète.
– C’est les chaussures et les chapeaux.
– D’accord.
– C’est les pieds et la tête. Entre les deux y’a pas grand-chose qui se passe, mais les pieds, la tête. Pour moi, c’est un arrêt sur image, parce que je ne sais pas… Depuis toute petite hein.
Quand on habitait, quand j’étais toute petite, à Saint-Fons, une banlieue de Lyon à Saint-Fons assez morose et donc j’allais chercher, j’avais une mission, c’est après l’école. Je n’aimais pas être en nourrice, tout ça. Je me gardais toute seule. Et donc j’allais chercher ma maman au travail, et donc, sur mon parcours de mon appartement, je suivais un trottoir, fallait que je reste sur ce trottoir de gauche, sur le boulevard. Et allant de ce trottoir, il y avait un marchand de chaussures, donc je prenais suffisamment de temps pour passer devant chaque chaussure, passer le recoin, il y avait l’autre vitrine, les nouvelles chaussures, et donc, ça me laisser passer normalement un feu ou deux. Et là, je savais qu’après, fallait que je traverse au feu vert, enfin piéton vert, et après je prenais une petite rue pour aller chercher ma maman.
– D’accord.
– Et ça, c’était mon rituel, il fallait que ça se passe comme ça.
– Ta petite routine.
– Les chaussures et j’ai travaillé toute ma vie avec des chaussures, enfin des marques de chaussures. – Et on garde en mémoire un petit peu c’est…
– C’est ça, c’est un amour, c’est ça, c’est l’amour.
– Quelque chose qui fait du bien.
– Je suis tombée en amour devant des chaussures.
– C’est pas mal, ça aurait pu être pire.
– C’est ça.
– Tu aurais pu tomber en amour devant des cotons-tiges.
– Ben non.
– Un peu moins… Voilà.
– Quoique le coton.
– Oui, tout à fait. Fait avec ou alors, fait avec de la laine d’alpaga pour la douceur. On peut tout inventé, mais bon, c’est mieux les chaussures.
Ok, donc on a fait les commerçants, bars donc un petit peu du Puy. Asso, une association du Puy ou de la Haute-Loire ?
– Oh ben là tout de suite, c’est Jazz en Velay, parce que ça, c’est mes chouchous.
C’est enfin tous les gens qui sont bénévoles de cette association sont extraordinaires, parce qu’ils font énormément de choses. Un dynamisme sur le Puy et les alentours du Puy incroyable.
Jean-Christophe Vera donc qui est juste incroyable. Voilà, une énergie, une idée à la minute.
Je ne critique pas Jean-Christophe. Je te fais un petit coucou, parce que je crois que j’ai quelques similitudes. Mais voilà, non, et puis tout le monde, enfin, je pourrais nommer plein de personnes qui sont là et toujours présent, et incroyable.
– J’ai fait le festival et c’est super chouette.
– C’est incroyable.
– Automne Jazz en Velay, c’était génial quoi.
– Voilà, je ne sais pas quoi dire. C’est de la joie, quoi.
– Tout à fait.
– Toujours le sourire, la pêche…
– C’est ça. Et puis, malgré, vraiment avec une autonomie dans tout ce qu’ils font aussi, parce que, voilà, ils peuvent pas vraiment compter sur beaucoup d’aides financières. Donc, ils se démènent…
– Ah, ça c’est ton petit crache ta lentille, tu vois on a un slogan Crache ta lentille !
– Ah Crache ta lentille ! Et ben, voilà, parce qu’ils méritent vraiment d’être aidés ces gens là parce que tu les rayes de la carte et ben ça va faire flop hein.
– Beaucoup d’associations.
– C’est ça.
– C’est du dynamisme.
– En fait, les associations, c’est vraiment socialement, c’est eux qui vont tisser justement le lien social.
– Tout à fait.
– Et culturel. Et culturel, un énorme lien culturel. Donc voilà moi, j’ai découvert plein de choses, j’ai appris plein de choses avec eux et je continue. Donc c’est super.
– Donc une… Il reste encore une longue vie avec Jazz en Velay.
– Ah oui, franchement. Oui, oui, oui.
– Ok, ça marche.
– Bravo ! Ouiii, j’applaudis.
– On applaudit Jazz en Velay. Ils ont des fans ici hein ? Vous êtes pas tous seuls, on est là !
Et maintenant on va parler d’artistes. Bon à Jazz en Velay, il y a plein d’artistes aussi.
– Ah oui.
– Mais est-ce que tu veux nous présenter d’autres artistes avant de parler de toi ?
– Alors d’autres artistes. D’autres artistes. C’est marrant, parce que là me vient un artiste.
Bon, finalement, il y a deux artistes.
– Allez vas-y, vas-y, vas-y.
– En fait ces deux artistes musiciens. Et c’est eux en fait dont j’ai envie de parler.
– Vas-y. Alors par politesse, je vais commencer par Lilian Mondillon.
Lilian Mondillon qui est quelqu’un d’incroyable. Pareil, alors, lui, je l’ai découvert avec Jazz en Velay, et avec mon mari qui jouait avec lui. Et Lilian Mondillon, c’est pas un artiste comme… Déjà c’est un artiste vraiment complet dans la mesure où, en tant que musicien, il est batteur, il joue de la guitare, il chante incroyable, mais plus que ça, il a une une culture musicale qui est extraordinaire.
Des connaissances, alors, on va parler d’une époque, un petit peu des années cinquante, jusqu’aux années soixante-dix, quatre-vingt, et actuelle aussi enfin… Mais vraiment c’est une bibliothèque sur pattes, c’est surtout au niveau des anecdotes. Alors oui, bien sûr il connaît tous les textes, il connaît tous les riffs de batterie, enfin, la guitare…
Mais nous, il nous impressionne tous les jours, Lilian, avec tout ce qu’il connaît.
– Il est incollable.
– Il est incollable. Et puis alors, c’est pas juste, enfin, je trouve que dire c’est une bibliothèque, c’est réducteur. Il a une véritable passion pour…En fait, c’est un, je trouve que c’est un passeur de patrimoine.
– D’accord. C’est important hein de garder…
– Voilà, et vraiment, il transmet ça. C’est vraiment une transmission avec Lilian de toute une époque où finalement on en connaît très peu. Et est alors, bien sûr, tout ça, c’est toujours subjectif, parce que c’est lui, avec son approche, ses émotions, la vie qu’il a eue et comment il a abordé cette époque.
Mais c’est vraiment incroyable tout ce que on apprend à ses côtés.
Voilà donc c’est… Et en plus, quand il le joue, quand il le chante ou quand il en parle, c’est vraiment avec talent. Donc, vraiment, c’est un artiste que j’admire beaucoup Lilian.
– Un artiste très complet.
– Tout à fait. Et très humble. Après c’est beaucoup moins objectif, mais c’est mon mari.
– Ah voilà, je me disais aussi elle va peut être bien nous en parler quand même. Elle a pas sa bague !
– Non alors, j’ai pas ma bague. Mais il y a une raison. En fait, je me suis cassé le doigt avec mon cheval.
Mais j’ai pu pur mettre mon alliance, j’ai pu l’enlever in-extremis. Ça fait quelques années et en fait mon articulation a grossi et je ne peux pas l’a… C’est une bague en titane et en fait, je paux pas l’agrandir. Voilà donc je peux plus la mettre. Elle ne va pas à un autre doigt. Alors je suis désolée, j’ai pas ma bague.
– C’est pas grave, il le sait de toute façon.
– Il le sait oui oui tout à fait. Mais on a dit qu’on allait se redemander en mariage.
– C’est vrai ?
– Ouais.
– C’est chouette.
– Ouais c’est chouette. Donc, ça fera vingt ans l’année prochaine qu’on s’est rencontrés.
– Ce sera l’occasion d’avoir une bague que tu peux mettre.
– Voilà, donc c’est ça.
– C’est pour ça, fallait laisser de la place à la nouvelle bague.
– Mais oui, c’est un artiste incroyable aussi Stan qui a une vie, qui a eu une vie incroyable, qui a toujours une vue incroyable, mais pareil d’une humilité, un talent, des couleurs. En fait, voilà, si je pense à mon mari, je pense couleurs. Il y a plein de couleurs dans son jeu. Donc, il est guitariste et compositeur. Il a voyagé, il a joué dans plein de pays du monde et est un petit peu comme moi avec le tissage. C’est aussi pour ça qu’on a fait après des projets en commun, c’est qu’ il a, il a vraiment capté, capturé, ch’ai pas, comme une éponge, des racines de sons, enfin des cultures, et tout ça c’est rentré, ça s’est mélangé dans son ADN, dans son âme d’enfant. Et en fait, il a une vraie…
Alors lui, il a une vraie, on dit une patte, il a un vrai style, il a quelque chose, quand tu l’entends jouer, tu reconnais, tu dis c’est Stan qui joue. Enfin, moi ça me fait ça, voilà.
– Tu es très racine toi aussi, tout ce qui est originel, racine.
– Ouais.
– Spirituel aussi un peu ou ?
– Oui, oui oui.
– On peut dire ça ?
– Oui, oui, oui, on peut dire ça, on peut dire ça. Alors, ça, ça vient de loin. C’est peut-être parce que moi, je suis née dans un monde paysan, donc, ben, t’es sur terre quoi, enfin je veux dire.
– T’as pas le choix.
– Tu travailles la terre, t’es sur terre, tu travailles avec les animaux, tu écoutes et tu regardes justement.
– Je suis petite fille de paysan aussi.
– Voilà donc, et puis ma grand-mère, moi, et elle est née en montagne. J’ai toujours eu un amour de la montagne. Elle m’a vraiment transmis…
– C’est encore particulier le monde de la montagne par rapport au monde paysan, c’est autre chose encore.
– C’est ça voilà, et donc vécu dans les alpages avec sa grand-mère. Et moi, j’étais bercée par les histoires de la montagne. Et d’ailleurs, j’ai fait beaucoup de montagnes derrière. J’ai habité en montagne, beaucoup d’escalade et j’ai vécu vraiment dans le monde de la montagne pendant des années.
– C’est un monde qui n’est pas facile.
– Non. D’ailleurs après, j’en suis partie. Voilà. C’est pas facile aussi parce que t’y es pas préparé, je pense, à ce monde-là, comme t’es pas préparé à la mort.
Et en fait, c’est un milieu, un lieu et un milieu qui te met face à cette vie et donc avec cette prise de conscience de la mort. Et quand t’es… Enfin, j’étais jeune à cette époque-là et je crois que je… C’était très douloureux pour moi, je n’étais pas prête à ça. Voilà.
– Et ce qu’on vit quand on est enfant après explique aussi son parcours un peu.
– Oui, tout à fait.
– Tout ses choix de vie et son caractère. C’est pour ça aussi que tu as une joie de vivre assez impressionnante.
– Oui, oui, ah oui, oui, la joie, j’ai cette chance là parce que je traverse, comme tout le monde hein, dans la vie, vraiment des choses pas faciles, et puis, et puis…. Pas facile et que tu ne peux pas anticiper, c’est aussi ça la vie, c’est que tu peux pas tout anticiper dans les émotions et donc la joie.
Cette culture de la joie, puisée justement dans les racines et dans tout ce qui se passe là, tu vois, en ce moment là, maintenant, juste là, et ben c’est hyper important.
– De bien s’ancrer dans le présent.
– Ah oui, oui, oui, oui, parce que on a une tendance à se rappeler de plus de tous les détails d’une journée qui nous ont fait suer que tout ce qui nous a apporté de la joie, les petites odeurs, tu vois la ptite eau qui scintille là-bas, tous ces reflets.
– Les petits détails.
– Ces sons.
– Oui, là, on a pas mal de sons aujourd’hui.
– Ouais mais ça fait partie de tout, c’est bien.
– C’est vivant.
– Exactement.
– Et donc du coup on va parler de toi un peu plus, parce que ton mari te compose aussi la musique.
– Oui.
– Par quoi je commence ? parce que tu as, toi tu as commencé un peu, tu es un peu autodidacte, on va dire, dans le tissage.
– Oh, dans tout.
– T’as pas fait de formations, voilà, dans tout. Et t’as commencé, t’avais fait quoi ? T’avais fait des écoles de lettres, enfin l’université de…
– C’est ça.
– C’est ça ?
– Oui, oui, c’est ça.
– Rien à voir avec ce que tu fais maintenant ?
– Non rien à voir. Ben parce que aussi, culturellement, dans ma famille, bon, les artistes ils n’y en avaient pas autour de nous. Moi je ne savais pas ce que c’était vraiment. Et puis, à cette époque-là, si on se remet à mon époque, moi je suis née en mille neuf cent soixante cinq. Donc, euh, quand, euh, tu prends les années quatre-vingt, enfin grosso modo les années quatre-vingt.
Tout ce qui est orientation, c’était assez restrictif. C’est à dire, t’avais fait une fac de lettres, on te mettait là, une école d’art, on t’en parlait pas, les Beaux-Arts. Puis alors, moi, les Beaux-Arts, c’était, c’était du loisir, mais c’était pas gagner sa vie.
– Surtout quand tu viens du milieu paysan on va dire.
– Voilà, c’est ça. Et ouvriers, puisque mon papa était carrossier, ma maman couturière après.
Et c’est vrai que j’ai pas imaginé un instant, alors que je passais mon temps, depuis toute petite, à dessiner, à faire du collage, enfin, c’était ça ma vie, mais je ne pouvais pas l’imaginer comme un métier.
Donc, je suis partie en fac de lettres parce que je me disais bibliothécaire. C’est peut-être quelque chose qui pouvait me faire rêver et qui est un métier, un vrai métier quand même. Voilà. Donc, je suis partie là-dedans, mais tout de suite, comme je faisais beaucoup de montagnes, tout ça, c’est parti dans plein de choses. J’ai fait aussi une école de styliste modéliste en parallèle de tout ça, afin pour travailler la matière.
– C’est comme ça qu’en quatre-vingt-huit t’es devenue directrice artistique de Béal.
– Voilà, c’est ça. Là je suis partie chez Béal pour remplacer en fait sa styliste qui était partie.
Et j’ai, c’est là où j’ai connu le monde, alors de la corde, donc du tressage des cordes de montagne et puis du tissage des sangles de montagne.
– Et toi tu as introduit le jacquard c’est ça ?
– Et moi, j’ai introduit le jacquard de sangle voilà qui n’existait pas à cette époque, dans la sangle hein. Et j’ai appris avec des techniciens sur les machines et petit à petit, c’est ce que j’ai développé et c’est là que ces usines de sangles avaient un très gros marché à l’époque en France, parce que elles étaient à peu près les seules au monde à l’époque, vraiment, ça a pas duré longtemps, mais en tout cas à avoir ce marché là, et les clients américains faisaient appel à des usines françaises pour leur production.
Et donc j’ai rencontré des clients américains de cette usine dont la marque Teva, et puis Looping, puis d’autres et Teva m’a tout de suite demandé si je voulais accepter un contrat avec eux. Et je suis partie, comme ça, travailler aux Etats-Unis, en faisant des allers-retours. J’habitais toujours en France, mais je faisais énormément de retour entre les États-Unis et la France voilà.
– Tu continues à collaborer avec Teva ou…
– Alors Teva…
– Je vois des petits trucs là Teva…
– Oui, alors j’ai des liens toujours. J’ai arrêté ma dernière collection.
La dernière que j’ai dessiné c’est en deux mille dix neuf. Donc deux mille dix neuf, deux mille vingt.
Elle était en vente en deux mille vingt et un, puisque j’avais deux ans de décalage. Donc, depuis, j’ai par dessiner, mais en même temps j’ai enchaîné avec DeckersxLab, qui est, c’est l’ancien directeur de Salomon qui a créé Hoka, des runing shoes qu’il a vendu à Deckers et lui après, il a créé un laboratoire au sein du groupe Deckers qui a Teva, qui a UGG, qui a xLab, qui a Ahnu. Enfin, bref, tout ça, toutes ces marques.
Et donc, il a créé ce laboratoire d’innovation pour les marques et il m’a demandé de collaborer avec lui sur les parties tissées et comme il y avait aussi un cabinet de design à Annecy, enfin bref, c’était un réseau comme ça où j’ai pu dessiner pour eux, tisser, créé pendant deux ans, un peu plus trois ans, trois bonnes années. Oui, voilà, voilà. Voilà donc, ça a continué. Après, je suis toujours plus ou moins en lien avec ces gens-là.
– Parce que là, t’as donc commencé par le tissage, on va dire industriel.
– Oui, c’est ça, ouais.
– Pour arriver au tissage plus artisanal.
– Mais là, c’est avec des indigènes autochtones.
– C’est par le biais de tes voyages que tu es passé de l’industriel à l’artisanal pour…
– Tout à fait, c’est parce qu’en fait, avec ces marques là, j’ai beaucoup voyagé, beaucoup Teva, ou, en fin de compte, Teva, je dessinais pas juste des sangles, j’allais chercher aussi, je faisais des carnets de tendances, je travaillais avec les développeurs de chez Teva. Et donc, c’est un travail d’équipe, mais où j’amenais beaucoup d’inspiration et avec ses inspirations, après, on travaillait sur des lignes.
– D’accord.
– Pour des saisons, pour deux saisons par an, en fait.
Donc j’avais une carte blanche de dire je vais partir à tel endroit, on en discutait bien sûr avant, mais ils me laissaient carte blanche du pays dans quel, vers lequel je souhaitais aller.
Et je restais là avec des autochtones, je travaillais, et on parlait de ces gens-là, et voilà, et c’est aussi une des raisons pour lesquelles je suis parti. C’est que j’avais envie qu’on en parle plus.
Voilà, et là c’est compliqué. Je veux dire c’est un gros groupe et c’était un peu compliqué, voilà. Et moi, il fallait que je passe aussi à comment dire quelque chose de plus personnel dans mes recherches. Et en fait, donc, je me suis dit que j’adorais Teva, Teva, c’était mon bébé. Il s’est passé vraiment beaucoup de choses. J’étais quasiment à la création de cette compagnie jusqu’à son explosion quoi. Mais il fallait, c’était nécessaire qu’à un moment donné, je fasse le pas vers un travail beaucoup plus personnel, plus près de l’âme aussi plus près de mes valeurs.
Pour parler justement de ce qu’était les racines du tissage, ce qui était important de transmettre et de pouvoir… J’ai cherché des solutions, je me dis comment on peut parler du tissage. Une marque n’en parle pas de fond en comble, vraiment dans ses entrailles. Comment on va faire pour parler du tissage et dire qu’il y a urgence à transmettre cette identité qu’il représente, cette écriture pour plein de peuples du monde. Et je me suis dit peut-être, au travers d’œuvres d’art, les gens vont regarder différemment. Ça va plus être un produit. Ça va devenir quelque chose comme un tableau qu’on regarde où on va pouvoir s’asseoir devant, on va pouvoir le contempler.
Donc, voilà, c’est comme ça que je suis venue à créer des œuvres qui m’étaient inspirées, donc, par ces peuples indigènes.
– D’accord.
– voilà.
– Ben on le voit dans tout ton travail, tu donnes un nom d’ailleurs à toutes tes œuvres…
– Ah oui oui.
– Qui ont une histoire, comme tu dis. Tu as créé Équinoxe sur Équinoxe.
– Tout à fait.
– Tu as Océan aussi, j’ai vu que tu avais Océan.
– Oui, l’Océan des sept modes. Hilos et fiou… y’en a
– Et tous ont un rapport avec un pays…
– Tout à fait.
– Avec une minorité.
– Complètement, c’est ça. Et puis Mutissage, Mutissage…
– Voilà, on arrive à Mutissage.
– Qui prend ses racines au Puy, mais qui vient de cette même écriture, de cette même âme que ça pourrait l’être dans différents pays en fait mais que là, c’est ancré au Puy avec la terre, la lave, le volcan, le feu, l’eau, le vent, l’herbe, les végétaux qui sont là, l’animal qui vit, la spiritualité. Là, on arrive au sommet de la chapelle Saint-Michel, ses vitraux, et tout ça, c’est dans Mutissage.
– Oui, Mutissage, t’as des petits bouts de vitraux j’ai vu, des collaborations avec plein d’artistes.
– Voilà dont Nathalie Bagot que je tiens à citer, parce que maintenant, c’est devenu une amie et il y a une vraie synergie entre nous dans notre travail et on on lie vraiment le tissage et le vitrail, la lumière.
– Oui parce que ton tissage ça relie.. Enfin, Mutissage, tu vas expliquer ce que c’est parce que Mutissage c’est pas juste du tissage on va dire.
– Non.
– Et en fait les auditeurs ne savent pas ce qu’est Mutissage.
– Et Mutissage, Mutissage, en fait, c’est musique et tissage, c’est vraiment le désir de réunir deux arts ancestraux. Des arts ancestraux, en fin de compte, qui évoquent des identités, des écritures. La musique, c’est ça, le tissage, c’est ça aussi. Et donc c’était important pour moi.
Les peuples indigènes, encore une fois, ne dissocient pas ça d’accord, dans leur milieu, dans leur quotidien, dans leur rythme.
– Oui, comme ils ne différencient pas, l’esprit est important pour eux. Nous…
– Oui, mais bien sûr.
– On dissocie complètement l’esprit, le corps, enfin bon…
– Oui, l’herbe qui est là avec notre corps. Alors, c’est pas pour entrer dans des trucs complètement perchés, mais c’est juste que comment dissocier… Toi qui es assise en face de moi, l’air qui est là, l’arbre qui est là, enfin, voilà, on est tous ensemble quoi.
– Il y a toujours une communication qui se fait.
– On est tous liés, voilà, et en fait. Voilà donc… Et il a été scientifiquement prouvé par des scientifiques qui ont fait plein de recherches, notamment, c’était plutôt avec les Incas, je crois de mémoire, où ils ont retrouvé à la fois dans les teintures et comme c’était tissé, qu’il y avait des représentations comme deux syllabes.
– D’accord.
– Et qu’en fait on pouvait retrouver toute une écriture au travers d’un tissage.
Mais, mais ça, il suffit de rester avec quelques peuples tisserands qui existent encore et on peut le vérifier ça, c’est… Voilà. Et donc, en créant Mutissage, musique et tissage, j’avais vraiment envie de donner la parole à la matière et d’être accompagné par la musique pour ça, voilà.
– Tu as des petits capteurs dans…
– C’est ça.
– Le tissage qui font que, suivant si tu frottes, si tu caresses le tissu, etc. ça donne un son différent.
– Voilà, il y a des sons différents dans toutes les matières qui sont incrustées, et donc ils sont révélés par ces petits micros.
– Et est-ce que vous avez fait un album là ou c’est en préparation ?
– Non, on n’a pas fait un album, on a un petit teaser.
– C’est ton mari qui fait la musique.
– Qui compose, voilà, voilà, et après, ben bien sûr, les arrangements aussi. Après, il y a beaucoup d’arrangements qu’on travaille quand même ensemble, parce que le tissage nécessite qu’on soit… Une fois qu’il a les premières, comment dire… Une première trame, pour reprendre un terme de tissage, d’accords et de déroulé. Après on va travailler ensemble les arrangements, quels sons qui pourraient s’adapter, etc. Et puis avec Philippe Barry, contrebassiste.
Voilà, c’est vraiment un gros travail d’équipe et avec Hélène Kieffer, qui nous suit depuis le départ et qui est là, qui est notre technicienne, son quoi et là, le son est très, très important.
– Et c’est un instrument qui évolue.
– Qui évolue encore.
– Il a commencé tout petit, j’ai vu là, il grossit, il va grossir encore ou ?
– Non, il va, non, non.
– Se perfectionner ?
– Voilà se perfectionner, des choses qui évoluent à l’intérieur du tissage, mais oui, oui,ça évolue.
Et puis moi, j’apprends, c’est-à-dire que la particularité, c’est que c’est un exercice que je ne savais pas faire, c’est à dire, j’ai eu, un peu comme quand je regarde les étoiles, cette image mais je n’étais pas percussionniste, donc il a fallu vraiment que je travaille beaucoup, et je continue à travailler.
– D’accord.
– Pour justement trouver encore d’autres sons, d’autres façons de les appréhender aussi.
– Donc là, le mieux déjà, c’est pour voir à quoi ressemble ton instrument… C’est un instrument ?
– Oui.
– C’est plus qu’un instrument ?
– Ah oui, c’est plus qu’un instrument. Pour moi, il est vivant déjà. C’est une personne.
(rires)
Voilà donc, oui, donc, c’est un… Enfin quand il est sur scène, c’est un engagement, c’est-à-dire que pour moi, voilà, je vais être avec lui, comme je vais être avec une personne.
– D’accord.
– Voilà donc, c’est très important. En plus, visuellement, il est quand même important.
– Il est imposant.
– Physiquement imposant, voilà, imposant, c’est le terme.
– C’est Monsieur Bouge, c’est ça le nom de la personne qui a fait l’armature.
– Alors c’est ça.
– Parce que tu as une armature qui est assez extraordinaire aussi.
– Oui, c’est Pascal Bouge qui m’a… Mais en fin de compte qui me traite toutes, enfin qui me traite…
– Les structures.
– Voilà qui va… Je dessine mes structures, je les mets à l’échelle généralement et lui, après, il va donner forme à tout ça, et c’est un travail très minutieux et il est très talentueux Pascal bouge vraiment et il était plombier. Maintenant il est, c’est un jeune retraité, mais il était plombier électricien et, en fin de compte, ça le passionne, très curieux, très, très artiste en fai Pascal.
– Sans le savoir au départ peut être.
– Ah oui, oui, vraiment, et là aussi, c’est une vraie collaboration, c’est un ami et c’est très important.
– Là, est-ce qu’il y a des concerts de prévu ou pas ? Ou, on doit juste aller sur ton site internet pour l’instant, on doit se contenter d’aller sur ton site internet, qui est très beau pour voir des extraits ?
– Oui, il y a le teaser qu’on vient de faire avec… C’est Pierre Jaffeux qui a filmé et réalisé le teaser. On peut voir aussi un morceau. Alors, ce teaser, il a été filmé à Brioude.
– D’accord, ok.
– Voilà.
– Pendant la biennale.
– Pendant la biennale des métiers d’art, voilà, j’ai fait… On avait un concert à la Halle aux Grains et il a filmé, il a réalisé ça. Donc, ça c’est des choses qui sont visibles en lien youtube, voilà qui sont disponibles.
– Sur ton instagram.
– Voilà sur mon instagram.
– Je mettrais tout de toute façon.
– Voilà, voilà, et puis après le prochain concert, ça va être le neuf mars à Chavanoz, c’est dans l’Isère, c’est pas très loin de Lyon.
– D’accord.
– Voilà, donc là, on va être dans l’Isère pour ça, sinon après, nous, on fait un appel à tous les programmateurs.
– Et oui, c’est ça.
– De la terre.
– De la terre entière.
– De la terre entière pour pouvoir programmer Mutissage qui est vraiment un spectacle inédit. C’est quelque chose qui s’est, en fait, qui s’est jamais fait, qui est assez unique.
– Mutissage n’existe nulle part ailleurs.
– Voilà donc les programmateurs curieux. Parce que, en fait, il faut quand même avoir envie curieux, avoir envie de sortir des sentiers battus.
– Ben je pense, quand on l’entend, on peut que avoir envie de le programmer.
– C’est ça. Mais voilà, après c’est vraiment de ça dont on a besoin aujourd’hui, parce que plus ce projet, mais comme tous les projets artistiques, plus ces projets vont, ce projet va vivre, va être sur scène, plus il va évoluer et puis dans un monde idéal, mais pour ça il faut tourner, on aurait des envie de collaborer avec des artistes aussi qui viennent composer, d’autres artistes qui viennent composer sur ce projet là.
– Oui, c’est un projet ouvert.
– Tout à fait, tout à fait, et je pense par exemple à Philippe Pipon Garcia, qui est vraiment un percussionniste et un batteur exceptionnel, qui est un grand ami, une connaissance de mon mari depuis très longue date. Il est venu là voir Mutissage, il a joué sur Mutissage comme ça, et il m’a aussi beaucoup épaulé dans mon travail de percussion.
Et en fait, voilà, j’aimerais faire participer des artistes. D’ailleurs, quand on est sur scène, avec Mutissage, ce qui est super joli et esthétique à voir aussi, c’est qu’à un moment donné, il est pas fait que pour moi y a les, les deux autres musiciens, c’est à dire Stanislas et Philippe Barry qui sont avec moi derrière métissage, on est trois…
– Ah c’est génial !
– A jouer de Mutissage à un moment donné, il n’y a plus nos instruments.
– Oh moi je viendrais te voir, je viendrai tester Mutissage.
– Ben voilà, tu peux !
– On fait un appel à tous pour ça. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose ou pas?
– Eh bien que c’était un vrai bonheur, une grande joie.
– Hé mais on n’a pas fini, c’est pour ça.
– Ah mais c’est pas fini !?
– Un ptit jingle à faire. Tiens.
– Attends le jingle.
– Et j’ai des petites questions.
Musique jingle
– Et je te fais vite fait les petites questions sur la Haute-Loire.
– Attends je regarde.
– Est-ce qu’on a le temps ?
– Oui, il faut qu’on parte par là, ça va ?
– On passe par là, Hop ! Pic du Lisieux ou sommet de la Durande ? Ouh aucun des deux ? Le Durande il est plus près de chez toi.
– La Durande.
– Ouais.
– Ouais ?
– Le sommet de la Durande. Mais ch’ai pas où c’est en fait, c’est un peu bête.
– Tu réponds rien hein ?
– Non.
– Ok. France ou le Nouveau Monde ?
– Haha, euh… Un aller-retour.
(rires)
– Alors le pont de Jonchère ou le viaduc du Thord ?
– Ah, le viaduc du Thord.
– Ah oui, plus près de chez toi ?
– Et puis c’est beau.
– C’est beau ?
– Ouais.
– Alors je vais t’en demander un dernier le château de Rochefort d’Anglard ou le château de Vabres ?
– Je connais pas.
– Ah, tu connais pas ben on passe à une autre. Le Mézenc ou la Margeride ? Alors si tu dis la Margeride, tu va vexer les gens d’ici c’est ça ? T’as peur hein ?
– Les deux, c’est c’est difficile hein.
– Ouais ben tu peux dire les deux.
– Ben moi les deux, parce que je suis allée dans le Mézenc faire du vélo par exemple cet été et c’était merveilleux parce que, parce que… Sur l’instant, il y avait la lumière, tout ça. Et la Margeride, j’en suis amoureuse parce que j’y vis donc…
– Voilà, je vais te poser juste une dernière question. Je vais te demander est-ce qu’il y a un endroit en Haute-Loire où tu aimerais jouer avec Mutissage ? Ça peut être…
– En haut de la chapelle Saint-Michel.
– Ben voilà. Est-ce que tu as un petit dicton, un mot de la fin. Après je te laisse aller chez le dentiste.
– Un petit dicton pour le mot de la fin. Pierre qui roule n’amasse pas mousse ? Non, c’est pas ça ?
– Ben c’est chouette, si c’est ça.
– Ouais.
– Bravo, merci beaucoup.
– C’est ça, on dit ça ?
– Ouais, on dit ça.
– Parce que des fois je les transforme.
– Ouais mais c’est bien aussi les transformer. Moi j’aime bien les dictons transformés. Moi j’invente des mots.
– Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
– C’est ça.
– J’aime bien parce que c’est le son. Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
J’aime bien ça.
– Merci beaucoup, Nadine.
– Ben je t’en prie.
– Je te dis à bientôt.
– A bientôt, c’était un… Je fais un bisou, on entend le bisous.
– Vas-y.
– Deux même trois. Oh, ils vont être contents ici parce que je fais jamais trois bises.
(rires)
Merci, Nadine, à bientôt.
– Merci.
– Ciao ciao.
– Merci beaucoup.
Temps d’écoute : 55’05 minutes
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